Notes à propos du personnage de Conomor
Il ne fait pas de doute que le personnage ait existé. Selon les auteurs, il porte plusieurs noms et a bien vécu aux alentours des années 500-560.
C’est un personnage de légende, que l’on confond, à tort ou à raison, avec le roi Mark de la légende de Tristan et Iseult. Il aurait régné des deux côtés de la Manche, roi des deux Domnonées, au nord et au sud, au VIè siècle, à l’époque du roi Ambrosius (archétype du roi Arthur). Une stèle en Cornouailles, à Dore, près de Lantien, mentionne un Drystan, fils de Conomor, et différentes vies de saints parlent de lui.[1]
Originaire du Glevissig, un petit territoire du sud des Galles dont son père était le seigneur, c’est aussi un marin qui possède des bateaux avec lesquels il a traversé la mer pour venir repeupler, avec ses gens, la partie ouest de l’Armorique alors désertée après le départ des Romains et les raids des Vikings. Tout en gardant ses territoires gallois, il se lie avec Budic, dont il épousera plus tard la fille, veuve de Iona, seigneur de Domnonée. Par Budic, il est en relation avec le roi franc Childebert, un des fils de Clovis, qui était en lutte contre ses trois frères.
Il devait résider à Carhaix, (Carhays) une ancienne cité romaine, et gérait ainsi le Poher, territoire romanisé à cette époque, maintenant la tradition gallo-romaine, ce qui déplaisait fortement aux ecclésiastiques bretons.
Conomor est cité dans « La vie de saint Lunaire », « La Vie de saint Pol Aurélien », « La vie de saint Gweltas » qui le charge d’une malédiction
La légende a pris le pas sur l’Histoire, et les clercs qui l’on transcrite ont fait oeuvre d’imagination sans trop se soucier de la véracité des faits. Dans les différentes « Vies des Saints » de l’époque, ils cherchaient surtout à vanter leurs qualités, à les doter d’actes merveilleux, quitte à leur attribuer des miracles, comme celui de la résurrection de Trifine pour glorifier Gildas, et à donner aux fidèles des modèles de vies saintes. Dans le cas précis de Conomore en butte à la vindicte des saints de l’époque, ils l’ont surtout chargé d’actes criminels invérifiables.
C’était sans doute un homme violent, irascible, emporté, mais rien n’a jamais prouvé qu’il ait tué des épouses dont on ne connaît d'ailleurs aucun nom à part celui de Iseult qui était l'épouse du roi Mark. Il n’a pas non plus tué Trifine qui a terminé sa vie dans un monastère, pas plus que Treh Meur, leur fils. Certains disent, comme Vitalis, que l'enfant serait mort en saint à l’âge de dix ans. Mais C. Kerboul, dans « Petite histoire du Grand Poher » écrit qu’il a succédé à son père à la tête du Poher et combattu plus tard aux côtés de Waroc II. Bien au contraire Conomore semble s’être toujours posé en médiateur pour régler les problèmes de la Cornouaille et du Bro Waroc.
C’est la tentative de meurtre sur Judual qui a déclenché la vindicte des moines saints de l’époque, ajoutée à celle de Trifine, dont on peut douter de la véracité, car, plus tard, Conomore s’est encore posé en sauveur de son beau-frère Macliau, poursuivi par la vindicte de son frère Canao après la mort de leur père.
La légende s’est ensuite emparée de ses actes, plutôt courants pour l’époque, posant ainsi les jalons de l’histoire de Conomore le Maudit, que les conteurs vont amplifier en y mêlant l’imaginaire d’un fond celtique.
L’opinion publique l’a noirci, mais il ne faut pas oublier que c’était un homme de son époque, irritable, à demi-barbare, qui ne savait pas contenir ses colères, ses émotions, et son ambition l’a perdu alors qu’il tentait de réunir toutes les petites principautés éparpillées pour unifier l’Armorique
Déjà maître du Poher, de la Domnonée, et du Léon, il possédait une grande partie de l’Armorique, mais il était enserré par la Cornouaille qu’il lorgnait grâce à son union de circonstance avec Trifine.
Se voir refuser la succession de son beau-père Waroc, a pu avoir raison de son sang-froid, et sa colère l'avoir conduit peut-être à des actions brutales contre sa propre épouse, Trifine, plus pour se venger ou forcer la main de son beau-père, que parce qu’elle attendait un enfant comme le disent les légendes et les Vies des saints de son époque !
Mais tout cela est-il réel ? Il semble invraisemblable qu’un tel homme puisse tuer une épouse parce qu’elle attend son enfant. Bien au contraire il avait besoin d’un héritier pour asseoir encore plus son pouvoir et lui transmettre ses domaines.
D'ailleurs, s'il était aussi le roi Mark, sa conduite envers Iseult son épouse et Tristan son cher neveu, prouve bien qu'il n'était pas un meurtrier car, même époux trompé, il a toujours eu une attitude digne et s'est même chargé de leur donner une sépulture commune.
Pourquoi le chargerait-on de tels crimes, pourquoi aurait-il tué son propre fils car avec l'ambition qu'il avait de réunir les territoires armoricain, il avait besoin d'avoir un successeur.
Il semble tout aussi improbable que Gildas, tout saint moine qu’il était, ait pu faire le miracle de recoller la tête de Trifine, comme le disent plaisamment les légendes et les contes !
Conomore a aussi servi d’arbitre dans plusieurs circonstances, il a protégé Mélar, l’enfant de Méliau, seigneur de Cornouaille, assassiné par son frère Rivod, il a également protégé Macliau, poursuivi par Canao qui cherchait à l’éliminer pour posséder le Bro-Waroc.
Eût-il été plus mesuré, plus adroit, il aurait sans doute réussi à faire une seule nation des tribus britto-armoricaines éparses, avant Nominoë. C’est le supposé « attentat » contre Trifine qui l’a définitivement perdu en levant contre lui tous les grands personnages de l’époque, et le peuple, crédule, ignorant, et surtout gouverné par l’Eglise et les moines de l’époque, s’est réjoui de raconter sur lui maintes histoires plus macabres et plus invérifiables les unes que les autres.
[1] Conomore aurait régné des deux côtés de la Manche, il serait aussi le roi Marc'h de Tristan et Yseult. L’évêque Pol Aurélien aurait séjourné cinq ans à la cour du roi Marc'h, au château de Castel Dore près de Fowey, en Cornouailles britannique, et le nom de Conomorus figure sur une stèle près de Fowey, autrefois à Castle Dor. C'est un pilier de granit de 2,7 m de haut, du 6ème siècle, comportant l'inscription FILIV CVNOWORI DRVSTANVS HIC IACIT soit «fils de Cunomorus, Drustan, se trouve ici». Une troisième ligne disparue a été décrite au 16ème siècle par John Leland, soit CVM DOMINA OUSILLA, «avec la Dame de Ousilla ». Ousilla est une latinisation du nom féminin cornish, Eselt, autrement dit Isolde. Dans la vita de saint Pol Aurélien, datée de 884, le moine Wrmonoc utilisant des documents plus anciens, rapporte que le saint vivant outre-Manche, sa renommée grandissante parvint un jour «aux oreilles du roi Marc'h, lequel ils appellent Conomor».
C’est un personnage de légende, que l’on confond, à tort ou à raison, avec le roi Mark de la légende de Tristan et Iseult. Il aurait régné des deux côtés de la Manche, roi des deux Domnonées, au nord et au sud, au VIè siècle, à l’époque du roi Ambrosius (archétype du roi Arthur). Une stèle en Cornouailles, à Dore, près de Lantien, mentionne un Drystan, fils de Conomor, et différentes vies de saints parlent de lui.[1]
Originaire du Glevissig, un petit territoire du sud des Galles dont son père était le seigneur, c’est aussi un marin qui possède des bateaux avec lesquels il a traversé la mer pour venir repeupler, avec ses gens, la partie ouest de l’Armorique alors désertée après le départ des Romains et les raids des Vikings. Tout en gardant ses territoires gallois, il se lie avec Budic, dont il épousera plus tard la fille, veuve de Iona, seigneur de Domnonée. Par Budic, il est en relation avec le roi franc Childebert, un des fils de Clovis, qui était en lutte contre ses trois frères.
Il devait résider à Carhaix, (Carhays) une ancienne cité romaine, et gérait ainsi le Poher, territoire romanisé à cette époque, maintenant la tradition gallo-romaine, ce qui déplaisait fortement aux ecclésiastiques bretons.
Conomor est cité dans « La vie de saint Lunaire », « La Vie de saint Pol Aurélien », « La vie de saint Gweltas » qui le charge d’une malédiction
La légende a pris le pas sur l’Histoire, et les clercs qui l’on transcrite ont fait oeuvre d’imagination sans trop se soucier de la véracité des faits. Dans les différentes « Vies des Saints » de l’époque, ils cherchaient surtout à vanter leurs qualités, à les doter d’actes merveilleux, quitte à leur attribuer des miracles, comme celui de la résurrection de Trifine pour glorifier Gildas, et à donner aux fidèles des modèles de vies saintes. Dans le cas précis de Conomore en butte à la vindicte des saints de l’époque, ils l’ont surtout chargé d’actes criminels invérifiables.
C’était sans doute un homme violent, irascible, emporté, mais rien n’a jamais prouvé qu’il ait tué des épouses dont on ne connaît d'ailleurs aucun nom à part celui de Iseult qui était l'épouse du roi Mark. Il n’a pas non plus tué Trifine qui a terminé sa vie dans un monastère, pas plus que Treh Meur, leur fils. Certains disent, comme Vitalis, que l'enfant serait mort en saint à l’âge de dix ans. Mais C. Kerboul, dans « Petite histoire du Grand Poher » écrit qu’il a succédé à son père à la tête du Poher et combattu plus tard aux côtés de Waroc II. Bien au contraire Conomore semble s’être toujours posé en médiateur pour régler les problèmes de la Cornouaille et du Bro Waroc.
C’est la tentative de meurtre sur Judual qui a déclenché la vindicte des moines saints de l’époque, ajoutée à celle de Trifine, dont on peut douter de la véracité, car, plus tard, Conomore s’est encore posé en sauveur de son beau-frère Macliau, poursuivi par la vindicte de son frère Canao après la mort de leur père.
La légende s’est ensuite emparée de ses actes, plutôt courants pour l’époque, posant ainsi les jalons de l’histoire de Conomore le Maudit, que les conteurs vont amplifier en y mêlant l’imaginaire d’un fond celtique.
L’opinion publique l’a noirci, mais il ne faut pas oublier que c’était un homme de son époque, irritable, à demi-barbare, qui ne savait pas contenir ses colères, ses émotions, et son ambition l’a perdu alors qu’il tentait de réunir toutes les petites principautés éparpillées pour unifier l’Armorique
Déjà maître du Poher, de la Domnonée, et du Léon, il possédait une grande partie de l’Armorique, mais il était enserré par la Cornouaille qu’il lorgnait grâce à son union de circonstance avec Trifine.
Se voir refuser la succession de son beau-père Waroc, a pu avoir raison de son sang-froid, et sa colère l'avoir conduit peut-être à des actions brutales contre sa propre épouse, Trifine, plus pour se venger ou forcer la main de son beau-père, que parce qu’elle attendait un enfant comme le disent les légendes et les Vies des saints de son époque !
Mais tout cela est-il réel ? Il semble invraisemblable qu’un tel homme puisse tuer une épouse parce qu’elle attend son enfant. Bien au contraire il avait besoin d’un héritier pour asseoir encore plus son pouvoir et lui transmettre ses domaines.
D'ailleurs, s'il était aussi le roi Mark, sa conduite envers Iseult son épouse et Tristan son cher neveu, prouve bien qu'il n'était pas un meurtrier car, même époux trompé, il a toujours eu une attitude digne et s'est même chargé de leur donner une sépulture commune.
Pourquoi le chargerait-on de tels crimes, pourquoi aurait-il tué son propre fils car avec l'ambition qu'il avait de réunir les territoires armoricain, il avait besoin d'avoir un successeur.
Il semble tout aussi improbable que Gildas, tout saint moine qu’il était, ait pu faire le miracle de recoller la tête de Trifine, comme le disent plaisamment les légendes et les contes !
Conomore a aussi servi d’arbitre dans plusieurs circonstances, il a protégé Mélar, l’enfant de Méliau, seigneur de Cornouaille, assassiné par son frère Rivod, il a également protégé Macliau, poursuivi par Canao qui cherchait à l’éliminer pour posséder le Bro-Waroc.
Eût-il été plus mesuré, plus adroit, il aurait sans doute réussi à faire une seule nation des tribus britto-armoricaines éparses, avant Nominoë. C’est le supposé « attentat » contre Trifine qui l’a définitivement perdu en levant contre lui tous les grands personnages de l’époque, et le peuple, crédule, ignorant, et surtout gouverné par l’Eglise et les moines de l’époque, s’est réjoui de raconter sur lui maintes histoires plus macabres et plus invérifiables les unes que les autres.
[1] Conomore aurait régné des deux côtés de la Manche, il serait aussi le roi Marc'h de Tristan et Yseult. L’évêque Pol Aurélien aurait séjourné cinq ans à la cour du roi Marc'h, au château de Castel Dore près de Fowey, en Cornouailles britannique, et le nom de Conomorus figure sur une stèle près de Fowey, autrefois à Castle Dor. C'est un pilier de granit de 2,7 m de haut, du 6ème siècle, comportant l'inscription FILIV CVNOWORI DRVSTANVS HIC IACIT soit «fils de Cunomorus, Drustan, se trouve ici». Une troisième ligne disparue a été décrite au 16ème siècle par John Leland, soit CVM DOMINA OUSILLA, «avec la Dame de Ousilla ». Ousilla est une latinisation du nom féminin cornish, Eselt, autrement dit Isolde. Dans la vita de saint Pol Aurélien, datée de 884, le moine Wrmonoc utilisant des documents plus anciens, rapporte que le saint vivant outre-Manche, sa renommée grandissante parvint un jour «aux oreilles du roi Marc'h, lequel ils appellent Conomor».